Le 18 octobre 2007 s’est tenu dans la salle de réunion du CAPES un atelier « brown-bag » sur l’exploitation des compétences des ex-décideurs/experts animé par le Général Tiémoko Marc GARANGO.
L’atelier a réuni une trentaine de participants composés essentiellement d’anciens ministres, anciens ambassadeurs, anciens directeurs généraux, anciens experts dans plusieurs domaines de compétences, etc.. Après un tour de table qui a permis aux participants de faire connaissance, l’animateur, le Général Tiémoko Marc GARANGO a fait son exposé sous forme de questionnaire en 5 grands points :
1. Qui sont les ex-décideurs/experts ?
2. Dans quels domaines de compétence se trouvent ces ex-décideurs/experts ?
3. Où trouver ces ex-décideurs/experts ?
4. Quelle est la situation actuelle en ce qui concerne l’exploitation des compétences des ex-décideurs/experts ?
5. Que faut ‘il faire pour remédier à cette situation d’inexploitation des compétences des ex-décideurs/experts ?
A la suite de cette présentation, les participants ont tour à tour salué la clarté, la pertinence et la précision des propos du Général. Avant d’apporter leurs contributions en termes de compléments, souhaits et recommandations, ils ont également loué l’initiative du CAPES d’organiser une telle réflexion. Une discussion s’est alors ouverte et a donné lieu à des débats fructueux.
Les participants ont pu justifier la non utilisation des ex-décideurs/experts par le manque de dispositif institutionnel, l’histoire de notre pays (les régimes d’exception qui se sont succédés) mais aussi et surtout par des questions de mentalité.
En ce qui concerne la situation actuelle de l’utilisation de l’expertise des ex-décideurs/experts, les participants ont souligné que quelques uns d’entre eux sont employés dans le secteur privé, public ou associatif. Parmi eux on constate tout de même des ex-décideurs/experts très sollicités et même surbookés. Cependant, la grande majorité reste marginalisée, d’où la nécessité de réfléchir sur la question surtout que l’axe 1 du programme du Président du Faso concerne la valorisation du capital humain.
Synthèse des contributions
• Il a été fait cas de l’exemple sénégalais qui utilise les anciens décideurs/experts pour donner conseils aux nouveaux. Aussi dans ce contexte sénégalais, l’utilisation des compétences des anciens n’est pas une menace pour les décideurs/experts en poste, au contraire, cela constitue un avantage largement apprécié par les nouveaux ;
• Aux USA, le conseil national composé essentiellement d’anciens décideurs/experts publie périodiquement des informations pertinentes basées sur leurs expériences propres ;
• Le Directeur Général de l’IPD/AOS a, séance tenante, proposé ses services pour la création d’une base de données des ex-décideurs/experts. Selon lui, le concept de gestion des connaissances, c’est de recenser tous les problèmes et les techniques ayant solutionné ces problèmes ;
• Les participants ont unanimement déploré le fait que les décideurs/experts entrants dévalorisent leur prédécesseur. Pourtant la non continuité constitue une perte énorme de mémoire si bien que l’administration se trouve toujours confrontée à un perpétuel recommencement d’où la nécessité de capitaliser l’expérience ;
• Par ailleurs les participants ont loué l’initiative du Chef de l’Etat qui, à une période cruciale de la vie de la nation, a fait recours à une telle expertise notamment les anciens chefs d’Etat et plus récemment des anciens ministres et magistrats pour les problèmes frontaliers ;
• Les participants ont apprécié l’idée de création de la petite académie par le ministre FOFANA mais souhaitent ardemment que le site web soit alimenté et régulièrement mis à jour.
Recommandations
Pour contribuer à la mise en application de l’axe 1 du programme quinquennal, le progrès continu pour une société d’espérance du Président du Faso, les participants recommandent :
• La création et la formalisation de cadres et les conditions nécessaires pour mobiliser toutes les ressources humaines nationales dans la lutte contre la pauvreté au Burkina Faso. Cela pourrait se faire par la création d’associations par domaine de compétence et ensuite une grande association fédérative de toutes ces associations. Aussi, les ex-décideurs/experts pourraient être d’un très grand apport pour le Conseil Economique et Social (CES) ;
• La création d’une association des volontaires burkinabé à l’image des volontaires des Nations Unis à laquelle pourrait faire partie non seulement les ex-décideurs/experts mais aussi les jeunes diplômés sans emploi ;
• A l’Etat :
o d’avoir plus confiance à ses cadres et d’aller vers une politique de gestion des ressources humaines encore plus pertinente. L’Etat pourrait revoir le style des nominations en proposant par exemple des postes de conseiller ou assistant de façon à redéployer les anciens ; o d’avoir une politique de placement de ses cadres à l’international ;
• Aux ex-décideurs/experts : o d’être dans la dynamique de mettre leur talent à la disposition de l’Etat pour la consolidation de notre économie naissante ;
o d’avoir le sens de devoir de mémoire comme l’a fait le Général Tiémoko Marc GARANGO ;
o de se mettre dans une dynamique de veille technologique orientée vers les résultats car la matière grise est devenue une richesse ;
• Au CAPES : o de s’inspirer de l’exemple sénégalais pour élaborer une banque de données de l’expertise nationale toute entière bien entendu après avoir procédé à une bonne analyse au plan politique, sociologique et économique.
Avant de clôturer les discussions, Le Président du Conseil d’Orientation du CAPES, M. Ibrahima COULIBALY a salué l’initiative du CAPES à travers son Réseau de Gestion des Connaissances au Burkina (RGC-B) d’avoir organisé une telle réflexion et a précisé que des textes réglementant l’expertise nationale existent au niveau du ministère de la fonction publique depuis un certain temps.